LES COSTUMES DES FEMMES MEDERIEN

Le costume de la femme de Quimper et ses alentours ne se porte pas suivant son bon gré…

Le costume est considéré comme une carte d’identité reflétant le rang social et la richesse de celle qui le porte.

Pour les tissus épais ( drap de laine ), la conception et les broderies ( fils et perles) était faite par les hommes ( la femmes n’ayant pas assez de force pour pousser l’aiguille à travers le tissus épais. Les broderies fines (coiffes) sur tissus légers ( tulle, organdi, coton etc ) restait une affaire de femme, et avant l’abolition des lois somptuaires, elles ne brodaient QUE pour le roi ou le clergé.

La femme qui porte ce costume, va vite être, (comme pour beaucoup de régions) appelée par le nom de sa coiffe.

Pour Quimper la femme sera donc appelée « borledenn » qui défini non seulement le nom de la coiffe mais aussi une petite pièce de tissus plissé se trouvant sur le dessus . Borledenn signifiant justement « bord plissé ».

La coiffe va évoluer tout comme le costume ( variant entre haute ou basse) mais sera conservée jusqu’à la disparition totale du costume et sera comme le chapeau pour les hommes, la dernière pièce du costume abandonnée au détriment de « la mode de paris » dite « kish ker »

 

Le costume du Cornouaillais a été souvent appelé kis glazik (kis, mode, glazik, bleu), bien que le bleu ne soit porté que par un nombre assez restreint de paroisses, groupées autour de Quimper et de Douarnenez. Les femmes, sauf de rares exceptions, adoptaient généralement les mêmes couleurs que leurs maris [Note : Nous avons besoin de nous expliquer sur la variété des temps dont nous faisons usage et qui sont tantôt au passé, tantôt au présent. Ces différences résultent forcément de notre sujet, qui réveille à tout instant, à côté de faits existants, des usages disparus dont cet avant-propos a pour but de conserver la trace].

Le costume féminin de la Cornouaille, mérite d’être particulièrement étudié. En remontant aux origines, nous ne pouvons guère nous former une idée du vêtement de la Cornouaille que par une miniature puisée dans un très-ancien manuscrit anglo-saxon, publié par Schaw, représentant un laboureur dirigeant sa charrue, avec l’aide de sa femme. Le costume de cette dernière est simple. C’est une robe courte avec manches collantes, serrée à la taille par une ceinture. Le bas de la jupe est orné d’une broderie. Pour coiffure, un capuchon, d’où pend un bavolet dont les extrémités sont assez longues pour faire le tour du cou et se nouer sur le côté. On retrouve là facilement un point de départ pour arriver au costume moderne.

Toutefois, la simplicité des mœurs du pays, ainsi que l’extrême sentiment de pudeur que puisaient les femmes dans leurs croyances religieuses, a dû longtemps maintenir l’usage des robes montantes et peu ouvragées. La division de la robe en corsage et en jupe n’en remonte pas moins à à une époque éloignée, car le sire de Joinville parle du surcot porté, dès son temps, par les femmes, et qui fut adopté à cette époque par les hommes. Nous sommes fondés à croire que le costume actuel des femmes de la Cornouaille s’est transformé, pour les parties essentielles, dans la période comprise entre le XIIIème siècle et l’annexion du duché de Bretagne. Car les portraits de la reine Anne que nous trouvons dans d’anciens manuscrits ne s’écartent pas beaucoup du type actuel. Quant à la coiffe et à la collerette, leur usage n’est pas très ancien.

Le costume se compose d’une jupe, un corsage, un gilet très échancré aux entournures et sur le devant ouvert en carré, un tablier, une collerette ou une guimpe, faisant corps avec la chemise, et une coiffe.

La jupe était de couleur foncée, bleue ou noire, assez généralement conforme à la nuance du vêtement du mari. Elle était en drap et avec de petits plis à la ceinture. Ces derniers s’obtenaient comme ceux du bragou ridet. Dans le bas, on y cousait et on y coud encore des galons d’or, d’argent ou de velours, en quantité plus ou moins grande, suivant le rang de celle qui la porte. A Pont-Aven, on porte des broderies de perles, mais c’est tout moderne. Mentionnons le beau costume rouge de Ploaré et de Plougastel-Daoulas.

Le corsage, par sa forme, se rapproche du gilet des hommes ; il est serré à la taille et moule le corps, les manches sont collantes, avec une broderie ou un galon au poignet, et, selon la localité, il est brodé autour du col.

Le corselet se porte sur le gilet ; il est très échancré aux entournures, et reçoit les broderies des scapulaires. Il est toujours attaché au moyen d’épingles.

La Cornouaillaise porte un tablier de soie ou de moire, de couleurs diverses, soit uni, soit brodé. Le bas du tablier est quelquefois orné de galons ou de franges d’or ou d’argent et les rubans qui l’attachent à la ceinture admettent toute espèce de couleurs, mais le dessin est toujours une guirlande de fleurs avec de grands feuillages verts.

Ces rubans sont l’objet d’une fabrication spéciale pour l’usage des bretons. Il en est de même pour certains galons en laine mélangés de soie, que l’on coud sur les costumes et qui simulent les broderies, généralement assez longues à exécuter.

On rencontre quelquefois le tablier à bavette ; il est, dans sa partie supérieure, l’objet de tous les ornements : galons, broderies, perles, fleurs artificielles, mais cette bavette et son ornementation ont une origine tout à fait de fantaisie moderne.

Les épingles servant à la toilette sont les mêmes que celles des hommes, et elles sont souvent ornées de verroterie [Note : L’épingle était connue de toute antiquité. Les Romains l’appelaient fibule, et en faisaient un objet de parure. Au XIIIème siècle, elle portait le nom d’afiche. Un trouvère de cette époque, Robert DE BLOIS, dans son Châtiment des Dames, a une idée trés originale pour expliquer l’origine des épingles, qu’il représente comme inventées pour empêcher certaines privautés. Les épingles étaient un objet de grande consommation. Dans le compte de tutelle des trois filles puînées de Lanuzouarn, nous lisons : « Le 21 septembre 1571, on achète troys milliers d’espingles, 15 s. ; le mardi 6 octobre 1573, on rachète quatre milliers et demy d’espingles, 32 s. » Bull. Soc. arch. Finistère, T. V, p. 72]. On en fait maintenant avec des tiges droites, qui se vendent surtout dans les Pardons. Ce sont des boules en verres de couleurs variées, garnies de pendeloques en métal blanc ou doré.

Nous venons de décrire le costume des jours de fête. Pour les travaux habituels, la bretonne portait une jupe de berlinge et un tablier d’une étoffe mêlée de fil et de laine de couleur, d’une apparence mouchetée ou rayée, fabriquée par les tisserands [Note : Les métiers à la main pour tisser le drap et la toile étaient jadis très nombreux ; presque tous ont disparu devant le tissage mécanique c’est à peine si on en rencontre encore quelques-uns, dans les campagnes] du pays. Son corsage était en drap noir ou bleu.

La coiffe et la collerette, par les changements qu’elles ont subis et les différences sensibles qu’elles tracent entre les différentes parties de la population féminine, paraissent avoir été un objet préféré des recherches de la mode.

« La coiffure des bretonnes, en général, est, dans sa variété, une imitation de celles des dames de la cour, à diverses époques, ainsi qu’on peut le reconnaître dans les galeries de tableaux » [Note : La coiffure plate, qui devint celle des femmes de Quimper, ne serait-elle pas un Hennin tronqué, pour le rendre apte aux usages journaliers ? Il existe un usage, aussi bien pour les femmes de Quimper que pour celles du Pont-l’Abbé de marquer leur deuil en portant des coiffes jaunes. Dans les enterrements, les plus proches parentes du défunt suivent le convoi avec une longue pelisse noire, le capuchon relevé sur la tête ; aux environs de Quimper, où l’on porte la coiffe plate, les personnes qui accompagnent le défunt cachent leurs coiffes sous un capulet].

L’origine des coiffes et des collerettes remonte aux modes importées d’Italie par les Médicis. Dans l’origine, la coiffure populaire consistait en un capulet. Plus tard, au XIVème siècle, vint le Hennin, mis en honneur par Isabeau de Bavière. Son règne ne dura qu’un demi-siècle, car à la fin du XVème siècle, à l’occasion du mariage de la duchesse Anne de Bretagne avec Louis XII, on inventa pour elle une coiffure plate (P. LACROIX. — Mœurs, usages et costumes au Moyen-Age et la Renaissance). Puis, au temps de la Renaissance, les Italiens, à la suite de Catherine et de Marie de Médicis, qui donnaient le ton de la Mode, introduisirent cette variété de collerettes et de fraises, que nous retrouvons encore aujourd’hui. Par exemple la collerette large et plissée de Fouesnant ; la fraise à gros tuyottage de Quimper et Quimperlé, et sans plis, mais très évasée, comme à Pleyben.

Ces modes arrivèrent lentement, en se répandant de la noblesse dans la bourgeoisie et de cette dernière dans toutes les classes de la société (E GOESBRIAND. — Costumes bretons. Bull. arch. T. I. p. 208).

L’introduction de ces coiffes et de ces collerettes si différentes entre elles et se produisant dans chaque région avec un ensemble qui ne comporte pas de dissidence, prouve que le phénomène s’est accompli par l’exemple des maîtres du pays et suivant le mode de toilette qu’ils avaient adopté.

D’ailleurs, l’esprit exclusif et particulariste qui régnait dans chaque paroisse n’aurait pas permis à une femme de Fouesnant de se revêtir du vêtement de la femme de Quimper.

La confection et surtout le repassage de ces coiffes et collerettes, principalement celles de Fouesnant, exigeaient autant d’habileté que de patience, car on a souvent vu une femme d’une paroisse allant habiter au loin, obligée de se mettre à la mode du pays où elle résidait, faute de trouver une personne capable de repasser sa coiffe ou sa collerette.

Deux mots sur la manière ingénieuse que les Fouesnantaises emploient pour tracer et maintenir les innombrables plis minuscules de leurs collerettes. On place la pièce à repasser sur une couverture de laine, puis l’on pose un jonc sous la pièce, dans le sens du pli à tracer ; rapprochant le pouce et l’index, on force l’étoffe à envelopper le jonc, on forme ainsi une certaine quantité de plis, on passe un fer chaud sur la collerette et, les joncs retirés, on obtient un plissé qu’aucun fer à tuyauter ne serait capable de produire.

A Serret

LE COSTUME D’ÉTÉ 1825

le costume de 1825 appelé aussi « rayé » par la particularité de son tablier de l’époque se compose : d’une chemise ample de coton blanc portée sous le corselet ( sans camisole, nous sommes en été et le confort dans les activités quotidiennes prime)

le corselet est orné de galons au fil d’or sur toile de drap de laine

la jupe est ample et juste au dessus de la cheville elle aussi ornée de galons de fil d’or

la coiffe est couvrante et portée sur une sous coiffe de couleur ( le nombre de sous coiffe pouvait varier suivant la richesse)

LE COSTUME DE CÉRÉMONIE 1850

le costume de cérémonie de 1850 aussi appelé « rouge » se compose

d’une chemise brodée aux manches, au plastron ainsi qu’au col

d’un corselet paré de rubans, galons et perles ( perles de verre qui font leur apparition et dont les plus riches s’emparent aussitôt)

d’une jupe large et qui s’allonge pour descendre sous la cheville

Ce costume représentant un costume de cérémonie ( mariage) il est porté avec de nombreux accessoires que « la mode » n’abandonnera plus .

les accessoires:

le ruban de mariage, qui remplace sur la coiffe les deux guides de dentelle flottantes, descend, passe devant le cou, et remonte s’accrocher sur l’arrière de la coiffe

la parure de cou : il s’agit d’un ruban faisant le tour du cou, avec plusieurs pans tombant dans le dos et un pan descendant sur la poitrine, plus large, portant le cœur et la croix en or, cuivre ou argent.

le scapulaire: symbole de la protection divine. Ces deux plaques reposent sur la poitrine et sont reliées entre elles par un ruban qui passe sous la collerette.

la ceinture qui laisse pendre plusieurs pans dans le dos

les chaussures de cuir vache (chameau) font leur apparition et seront agrémentées pour certaines de boucle de métal

LE COSTUME DE SERVANTE

Ce costume de servante est de couleur bleue. les atours que les femmes arborent sont les mêmes que les femmes de la région pour les dimanches

elles portent sur une chemise blanche, aux poignets décorés et a la collerette de dentelle, un corsage à manches mi longues, dont le devant recouvre toute la poitrine.

les manches du premier sont ornées d’un triple parement. le second en est dépourvu mais son dos est d’un bleu plus clair

les jupes peuvent être bleues ou rouges.

LE COSTUME DE CÉRÉMONIE 1880

Le costume de cérémonie 1880 est une reproduction d’un authentique costume provenant d’une collection privée .

Il est orné de riches galons de fil d’or ( on retrouve des similitudes dans les pays de l’est comme la Russie mêmes techniques et même motifs) Les tissus sont précieux, satin de soie par exemple et le choix des couleurs en harmonie la plus proche avec ce qui se faisait à l’époque ( compte tenu de la difficulté à trouver les même matériaux aujourd’hui).

les coiffes sont faites mains comme d’antan ,et perles de verre et sequins garnissent les galons de satin.

les motifs de perlages restent comme jadis sur les thèmes floraux . La difficulté a trouver des tissus similaires ( satins brochés) a poussé l’équipe de confection à se fournir a l’étranger ( USA et RUSSIE)

l’équipe de confection se composait de 3 personnes membres du groupe et le tout supervisé, par des personnes de renom dans l’expertise de costume breton. Tout cela afin de ne pas sortir de la tradition. la confection de 5 costumes plus le costume de la reine du groupe 2018 Elisa Garguet a duré pratiquement une année.

Pour un résultat qui comble de bonheur le public et les jeunes femmes qui le portent avec fierté et précaution . il est très difficile d’estimer un prix pour un tel costume mais certainement aussi conséquent que l’investissement d’une femme du XX ème siècle pour son mariage.

Nous ne pouvons que féliciter cette équipe de confection pour la masse et la qualité de travail fourni et surtout ce résultat SPLENDIDE.

LE COSTUME DE TRAVAIL 1890

Région Ploaré (29)

Le costume de la région de Ploaré ( limitrophe du pays Glazik ( Quimper)  et Pen Sardin (Douarnenez) ) se compose :

D’une chemise de toile naturelle chanvre, coton , lin … etc portée manche repliée et possédant une collerette plus ou moins amidonnée pour le confort de celle qui le porte

D’un corselet en drap de laine bleu glazik ( il pouvait être aussi de différentes couleurs ) rehaussé de velours noir « piqué » ( façon de froncer le velours)

D’une jupe de drap de laine noir avec des galons de coton bleu ciel

D’un tablier de toile épaisse appelée aussi « pilou » se lassant sur le devant avec des poches ornées de galons bleu assortis a la jupe

LE COSTUME DE DIMANCHE 1900

Le costume de dimanche est de couleurs austères suite aux différentes guerres survenues dans le pays, les décennies passées.

Le deuil se portant durant trois années, les femmes de cette époque n’avaient pas le temps de sortir du deuil que déjà les guerres suivantes faisaient des ravages.

Le noir deviendra donc une couleur que les femmes adopteront comme habituelle et s’en accommoderont bon gré mal gré..


LE COSTUME DE CÉRÉMONIE 1900

Même si les guerres touchent à leur fin, les mariages reprennent avec le retour des hommes au pays.

La base du costume restera donc le même mais la richesse fera évoluer les costumes vers la broderie au fil d’or torsadé appelé « cannetille »

Les costumes seront accessoirisés par des bijoux tant pour les femmes que pour les hommes

Les motifs resteront champêtres et floraux ( il s’agit quand même de costumes « Paysans »)

La coiffe se rétrécie et laisse largement apparaitre le cheveu que les femmes ne manqueront pas de crêper et monter très haut ( parfois même au dessus de leur coiffe, la dissimilant complétement )

LE COSTUME DE CÉRÉMONIE 1950

Le costume de Quimper se portera jusque la fin des années 70 et n’évoluera plus guère.

La jupe remonte pouvant même arriver sous le genou (dans les dernières modes), la jupe est moins large et du coup plus décorée de perle et broderie de fil ( toujours en fonction de la richesse de celle qui le porte)

La coiffe se dresse vers le ciel pouvant atteindre prés de 17cms, accompagnée d’une collerette conçue dans des tissus fins (organdi) pour les plus riches et entièrement brodée à la main .

Le tablier sera lui aussi plus court laissant largement apparaitre les broderies de la jupe et fait de satin de soie que les femmes broderont.

Pour toutes et tous le costume est un bien précieux ( car bien souvent tout au long d’une vie, comme aujourd’hui, le costume de cérémonie était unique, un peu comparable a la robe de mariée de nos jours).

A contrario, à l’époque, les femmes le ressortaient dés qu’une grande occasion se présentait ( mariage , grand pardon, grande fête religieuse etc)

Mais le reste du temps, le soin pris pour conserver son costume ( feuilles de papier de soie, rangé a plat dans les armoires, coiffes lavées et désamidonnées, ) nous permettra encore aujourd’hui de découvrir d’authentiques « vrais vieux » sortis de leur temps, qu’il nous est donné parfois de vous présenter durant l’été.

la mode « kich ker » appelé aussi « mode de la ville »

il s’agit la de la dernière , dernière mode portée pour les bretons (nes) se cantonnant à arborer la mode de Paris mais toujours  » à la mode paysanne »

la femme portera des robes et tailleurs au coupes modernes et inspirées des grandes revues de l’époque, puisqu’avec le modernisme les articles de mode réservés à l’élite deviennent accessibles .

Toute fois, la femme n’abandonnera pas sa coiffe pour autant et celle-ci sera la dernière trace de ses origines paysannes.

Photo publiée dans « coiffes et costumes de Bretagne  » de Per Jakez Helias édition d’art jos Le Doaré

Idem pour l’homme qui lui conservera son chapeau jusqu’au dernier moment mais optera pour le veston de ville par dessus un chupen brodé